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peine de mort

Resumé detaillé chapitre par chapitre " le dernier jour d'un condamné" VICTOR HUGO

XXX

      

      Le prêtre est revenu.
      Il a des cheveux blancs, l'air très doux, une bonne et respectable figure ; c'est en effet un homme excellent et charitable. Ce matin, je l'ai vu vider sa bourse dans les mains des prisonniers. D'où vient que sa voix n'a rien qui émeuve et qui soit ému ? D'où vient qu'il ne m'a rien dit encore qui m'ait pris par l'intelligence ou par le coeur ?

      Ce matin, j'étais égaré. J'ai à peine entendu ce qu'il m'a dit. Cependant ses paroles m'ont semblé inutiles, et je suis resté indifférent ; elles ont glissé comme cette pluie froide sur cette vitre glacée.
      Cependant, quand il est rentré tout à l'heure près de moi, sa vue m'a fait du bien. C'est parmi tous ces hommes le seul qui soit encore homme pour moi, me suis-je dit. Et il m'a pris une ardente soif de bonnes et consolantes paroles.

      Nous nous sommes assis, lui sur la chaise, moi sur le lit. Il m'a dit : – Mon fils... Ce mot m'a ouvert le coeur. Il a continué :
      – Mon fils, croyez-vous en Dieu ?
      – Oui, mon père, lui ai-je répondu.
      – Croyez-vous en la sainte église catholique, apostolique et romaine ?
      – Volontiers, lui ai-je dit.
      – Mon fils, a-t-il repris, vous avez l'air de douter.

      Alors il s'est mis à parler. Il a parlé longtemps ; il a dit beaucoup de paroles ; puis, quand il a cru avoir fini, il s'est levé et m'a regardé pour la première fois depuis le commencement de son discours, en m'interrogeant :
      – Eh bien ?
      Je proteste que je l'avais écouté avec avidité d'abord, puis avec attention, puis avec dévouement.
      Je me suis levé aussi.
      – Monsieur, lui ai-je répondu, laissez-moi seul, je vous prie.
      Il m'a demandé :
      – Quand reviendrai-je ?
      – Je vous le ferai savoir
      Alors il est sorti sans colère, mais en hochant la tête, comme se disant à lui-même : Un impie !

Non, si bas que je sois tombé, je ne suis pas un impie, et Dieu m'est témoin que je crois en lui. Mais que m'a-t-il dit, ce vieillard ? Bien de senti, rien d'attendri, rien de pleuré, rien d'arraché de l'âme, rien qui vînt de son coeur pour aller au mien, rien qui fût de lui à moi. Au contraire, je ne sais quoi de vague, d'inaccentué, d'applicable à tout et à tous ; emphatique où il eût été besoin de profondeur, plat où il eût fallu être simple ; une espèce de sermon sentimental et d'élégie (=en poésie, poème lyrique, mélancolique) théologique. Ca et là, une citation latine en latin. Saint Augustin, Saint Grégoire, que sais-je ? Et puis il avait l'air de réciter une leçon déjà vingt fois récitée, de repasser un thème, oblitéré dans sa mémoire à force d'être su. Pas un regard dans l'oeil, pas un accent dans la voix, pas un geste dans les mains.

      Et comment en serait-il autrement ? Ce prêtre est l'aumônier en titre de la prison. Son état est de consoler et d'exhorter et il vit de cela. Les forçats, les patients sont du ressort de son éloquence. Il les confesse et les assiste, parce qu'il a sa place à faire. Il a vieilli à mener des hommes mourir. Depuis longtemps il est habitué à ce qui fait frissonner les autres ; ses

      cheveux, bien poudrés à blanc, ne se dressent plus ; le bagne et l'échafaud sont de tous les jours pour lui. Il est blasé. Probablement il a son cahier ; telle page les galériens, telle page les condamnés à mort. On l'avertit la veille qu'il y aura quelqu'un à consoler le lendemain à telle heure ; il demande ce que c'est, galérien ou supplicié ? en relit la page ; et puis il vient. De cette façon, il advient que ceux qui vont à Toulon et ceux qui vont à la Grève sont un lieu commun pour lui, et qu'il est un lieu commun pour eux.

Oh ! qu'on m'aille donc, au lieu de cela, chercher quelque jeune vicaire, quelque vieux curé, au hasard, dans la première paroisse venue ; qu'on le prenne au coin de son feu, lisant son livre et ne s'attendant à rien, et qu'on lui dise :

        Il y a un homme qui va mourir, et il faut que ce soit vous qui le consoliez. Il faut que vous soyez là quand on lui liera les mains, là quand on lui coupera les cheveux ; que vous montiez dans sa charrette avec votre crucifix pour lui cacher le bourreau ; que vous soyez cahoté avec lui par le pavé jusqu'à la Grève ; que vous traversiez avec lui

l'horrible foule buveuse de sang ; que vous l'embrassiez au pied de l'échafaud, et que vous restiez jusqu'à ce que la tête soit ici et le corps là.

      Alors, qu'on me l'amène, tout palpitant, tout frissonnant de la tête aux pieds ; qu'on me jette entre ses bras, à ses genoux ; et il pleurera, et nous pleurerons, et il sera éloquent, et je serai consolé, et mon coeur se dégonflera dans le sien, et il prendra mon âme, et je prendrai son Dieu.

      Mais ce bon vieillard, qu'est-il pour moi ? que suis-je pour lui ? Un individu de l'espèce malheureuse, une ombre

comme il en a déjà tant vu, une unité à ajouter au chiffre des exécutions.
      J'ai peut-être tort de le repousser ainsi ; c'est lui qui est bon et moi qui suis mauvais. Hélas ! ce n'est pas ma faute. C'est mon souffle de condamné qui gâte et flétrit tout.

      On vient de m'apporter de la nourriture ; ils ont cru que je devais avoir besoin. Une table délicate et recherchée, un poulet, il me semble, et autre chose encore. Eh bien ! j'ai essayé de manger ; mais, à la première bouchée, tout est tombé de ma bouche, tant cela m'a paru amer et fétide !

 

Résumé du chapitre 30 :

Le prêtre est revenu consoler le narrateur et l’assister dans ces derniers moments. Le prêtre qui exerce cette fonction depuis des années se fait renvoyé par le narrateur qui veut rester seul pendant sa réflexion.

 

 

 

XXXI

      

      Il vient d'entrer un monsieur, le chapeau sur la tête, qui m'a à peine regardé, puis a ouvert un pied-de-roi et s'est mis à mesurer de bas en haut les pierres du mur, parlant d'une voix très haute pour dire tantôt : c'est cela ; tantôt : ce n'est pas cela.
      J'ai demandé au gendarme qui c'était. Il paraît que c'est une espèce de sous architecte employé à la prison.

      De son côté, sa curiosité s'est éveillée sur mon compte. Il a échangé quelques demi-mot avec le porte-clefs qui l'accompagnait ; puis a fixé un instant les yeux sur moi, a secoué la tête d'un air insouciant, et s'est remis à parler à haute voix et à prendre des mesures.

      Sa besogne finie, il s'est approché de moi en me disant avec sa voix éclatante :
      – Mon bon ami, dans six mois cette prison sera beaucoup mieux.
      Et son geste semblait ajouter :
      – Vous n'en jouirez pas, c'est dommage.
      Il souriait presque. J'ai cru voir le moment où il allait me railler doucement, comme on plaisante une jeune mariée le soir de ses noces.

      Mon gendarme, vieux soldat à chevrons (=dans l'armée, galon d'ancienneté en forme de V), s'est chargé de la réponse.
      – Monsieur, lui a-t-il dit, on ne parle pas si haut dans la chambre d'un mort.
      L'architecte s'en est allé.
      Moi, j'étais là, comme une des pierres qu'il mesurait.
 

 

Résumé chapitre 31

Dans ces derniers moments de retranchement, l’architecte de la prison est entré dans la cellule où se trouve le narrateur pour prendre des mesures afin de rénover les murs l’année suivante puis il échange des propos avec le narrateur avant de se faire renvoyé par le gendarme.

XXXII

      

      Et puis, il m'est arrivé une chose ridicule.
      On est venu relever mon bon vieux gendarme, auquel, ingrat égoïste que je suis, je n'ai seulement pas serré la main. Un autre l'a remplacé : homme à front déprimé, des yeux de boeuf, une figure inepte (
=dépourvu de sens, qui révèle la sottise).
      Au reste, je n'y avais fait aucune attention. Je tournais le dos à la porte, assis devant la table ; je tâchais de rafraîchir mon front avec ma main, et mes pensées troublaient mon esprit.
      Un léger coup, frappé sur mon épaule, m'a fait tourner la tête. C'était le nouveau gendarme, avec qui j'étais seul.

      Voici à peu près de quelle façon il m'a adressé la parole.
      – Criminel, avez-vous bon coeur ?
      – Non, lui ai-je dit.
      La brusquerie de ma réponse a paru le déconcerter. Cependant il a repris en hésitant :
      – On n'est pas méchant pour le plaisir de l'être.
      – Pourquoi non ? ai-je répliqué. Si vous n'avez que cela à me dire, laissez-moi. Où voulez-vous en venir ?

      – Pardon, mon criminel, a-t-il répondu. Deux mots seulement. Voici. Si vous pouviez faire le bonheur d'un pauvre homme, et que cela ne vous coûtât rien, est-ce que vous ne le feriez pas ?
      J'ai haussé les épaules.
      – Est-ce que vous arrivez de Charenton ? Vous choisissez un singulier vase pour y puiser du bonheur. Moi, faire le bonheur de quelqu'un !
      Il a baissé la voix et pris un air mystérieux, ce qui n'allait pas à sa figure idiote.

      – Oui, criminel, oui bonheur, oui fortune. Tout cela me sera venu de vous. Voici. Je suis un pauvre gendarme. Le service est lourd, la paye est légère ; mon cheval est à moi et me ruine. Or je mets à la loterie pour contre-balancer. Il faut bien avoir une industrie. Jusqu'ici il ne m'a manqué pour gagner que d'avoir de bons numéros. J'en cherche partout de sûrs ; je tombe toujours à côté. Je mets le 76 ; il sort le 77. J'ai beau les nourrir ils ne viennent pas...
      – Un peu de patience, s'il vous plaît, je suis à la fin.

– Or voici une belle occasion pour moi. Il paraît, pardon, criminel, que vous passez aujourd'hui. Il est certain que les morts qu'on fait périr comme cela voient la loterie d'avance. Promettez-moi de venir demain soir, qu'est-ce que cela vous fait ? me donner trois numéros, trois bons. Hein ? – Je n'ai pas peur des revenants, soyez tranquille. – Voici mon adresse : Caserne Popincourt, escalier A n° 26, au fond du corridor. Vous me reconnaîtrez bien, n'est-ce pas ? Venez même ce soir, si cela vous est plus commode.

      J'aurais dédaigné (=traiter avec dédain, mépriser) de lui répondre, à cet imbécile, si une espérance folle ne m'avait traversé l'esprit. Dans la position désespérée où je suis, on croit par moments qu'on briserait une chaîne avec un cheveu.
      – Écoute, lui ai-je dit en faisant le comédien autant que le peut faire celui qui va mourir, je puis en effet te rendre plus riche que le roi, te faire gagner des millions. À une condition.
      Il ouvrait des yeux stupides.
      – Laquelle ? laquelle ? tout pour vous plaire, mon criminel.
      – Au lieu de trois numéros, je t'en promets quatre. Change d'habits avec moi.
      – Si ce n'est que cela ! s'est-il écrié en défaisant les premières agrafes de son uniforme.

      Je m'étais levé de ma chaise. J'observais tous ses mouvements, mon coeur palpitait. Je voyais déjà les portes s'ouvrir devant l'uniforme de gendarme, et la place, et la rue, et le Palais de Justice derrière moi !

      Mais il s'est retourné d'un air indécis.
– Ah ça ! ce n'est pas pour sortir d'ici ?

 

 

 

 

 

Résumé du chapitre 32 :

Le gendarme chargé de surveiller le narrateur a été échangé par un autre, un superstitieux et mordu des loteries. Il supplie le narrateur de le visiter dans ces rêves, une fois mort, pour lui donner des numéros gagnants. Le narrateur lui demande en échange ses vêtements en vue d’une éventuelle évasion, mais le gendarme ridicule refuse et le désespoir regagne le narrateur.

 

Resumé detaillé chapitre par chapitre " le dernier jour d'un condamné" VICTOR HUGO

XXXIII

      

      J'ai fermé les yeux, et j'ai mis les mains dessus, et j'ai tâché d'oublier, d'oublier le présent dans le passé. Tandis que je rêve, les souvenirs de mon enfance et de ma jeunesse me reviennent un à un, doux, calmes, riants, comme des îles de fleurs sur ce gouffre de pensées noires et confuses qui tourbillonnent dans mon cerveau.

      Je me revois enfant, écolier rieur et frais, jouant, courant, criant avec mes frères dans la grande allée verte de ce jardin sauvage où ont coulé mes premières années, ancien enclos de religieuses que domine de sa tête de plomb le sombre dôme du Val-de-Grâce.

      Et puis, quatre ans plus tard, m'y voilà encore, toujours enfant, mais déjà rêveur et passionné. Il y a une jeune fille dans le solitaire jardin.
      La petite Espagnole, avec ses grands yeux et ses grands cheveux, sa peau brune et dorée, ses lèvres rouges et ses joues roses, l'Andalouse de quatorze ans, Pepa.
      Nos mères nous ont dit d'aller courir ensemble : nous sommes venus nous promener.
      On nous a dit de jouer, et nous causons, enfants du même âge, non du même sexe.
      Pourtant, il n'y a encore qu'un an, nous courions, nous luttions ensemble. Je disputais à Pepita la plus belle pomme du pommier ; je la frappais pour un nid d'oiseau. Elle pleurait ; je disais : C'est bien fait ! et nous allions tous deux nous plaindre ensemble à nos mères, qui nous donnaient tort tout haut et raison tout bas.

      Maintenant elle s'appuie sur mon bras et je suis tout fier et tout ému. Nous marchons lentement, nous parlons bas. Elle laisse tomber son mouchoir ; je le lui ramasse. Nos mains tremblent en se touchant. Elle me parle des petits oiseaux, de l'étoile qu'on voit là-bas, du couchant vermeil derrière les arbres, ou bien de ses amies de pension, de sa robe et de ses rubans. Nous disons des choses innocentes, et nous rougissons tous deux. La petite fille est devenue jeune fille.

Ce soir-là – c'était un soir d'été –, nous étions sous les marronniers, au fond du jardin. Après un de ces longs silences qui remplissaient nos promenades, elle quitta tout à coup mon bras, et me dit : Courons !
      Je la vois encore, elle était tout en noir en deuil de sa grand-mère. Il lui passa par la tête une idée d'enfant,Pepa redevint Pepita, elle me dit : Courons !

      Et elle se mit à courir devant moi avec sa taille fine comme le corset d'une abeille et ses petits pieds qui relevaient sa robe jusqu'à mi- jambe. Je la poursuivis, elle fuyait ; le vent de sa course soulevait par moments sa pèlerine noire, et me laissait voir son dos brun et frais.

      J'étais hors de moi. Je l'atteignis près du vieux puisard en ruine ; je la pris par la ceinture, du droit de victoire, et je la fis asseoir sur un banc de gazon ; elle ne résista pas. Elle était essoufflée et riait. Moi, j'étais sérieux, et je regardais ses prunelles noires à travers ses cils noirs.
      – Asseyez-vous là, me dit-elle. Il fait encore grand jour, lisons quelque chose. Avez-vous un livre ?

      J'avais sur moi le tome second des Voyages de Spallanzani. J'ouvris au hasard, je me rapprochai d'elle, elle appuya son épaule à mon épaule, et nous nous mîmes à lire chacun de notre côté, tout bas, la même page. Avant de tourner le feuillet, elle était toujours obligée de m'attendre. Mon esprit allait moins vite que le sien.
      – Avez-vous fini ? me disait-elle, que j'avais à peine commencé.
      Cependant nos têtes se touchaient, nos cheveux se mêlaient, nos haleines peu à peu se rapprochèrent, et nos bouches tout à coup.
      Quand nous voulûmes continuer notre lecture, le ciel était étoilé.
      – Oh ! maman, maman, dit-elle en rentrant, si tu savais comme nous avons couru !

      Moi, je gardais le silence.
     – Tu ne dis rien, me dit ma mère, tu as l'air triste.
      J'avais le paradis dans le coeur.
      C'est une soirée que je me rappellerai toute ma vie.

      Toute ma vie !

 

Résumé du chapitre 33

Le narrateur sentant l’heure de la mort approcher se réfugie dans le rêve. Il retrouve des souvenirs d’enfance et de jeunesse en compagnie de sa bien-aimée la petite Espagnole Pepa. Il garde surtout le souvenir d’une soirée passée ensemble où ils sont échangés des bises.

 

XXXIV

      

      Une heure vient de sonner. Je ne sais laquelle : j'entends mal le marteau de l'horloge. Il me semble que j'ai un bruit d'orgue dans les oreilles ; ce sont mes dernières pensées qui bourdonnent.

      À ce moment suprême où je me recueille dans mes souvenirs, j'y retrouve mon crime avec horreur ; mais je voudrais me repentir (=regretter d'avoir commis une faute, ressentir le désir de la réparer) davantage encore. J'avais plus de remords avant ma condamnation ; depuis, il semble qu'il n'y ait plus de place que pour les pensées de mort. Pourtant, je voudrais bien me repentir beaucoup.

      Quand j'ai rêvé une minute à ce qu'il y a de passé dans ma vie, et que j'en reviens au coup de hache qui doit la terminer tout à l'heure, je frissonne comme d'une chose nouvelle. Ma belle enfance ! ma belle jeunesse ! étoffe dorée dont l'extrémité est sanglante. Entre alors et à présent, il y a une rivière de sang, le sang de l'autre et le mien.

      Si on lit un jour mon histoire, après tant d'années d'innocence et de bonheur, on ne voudra pas croire à cette année exécrable (=extrêmement mauvais), qui s'ouvre par un crime et se clôt par un supplice ; elle aura l'air dépareillée.
      Et pourtant, misérables lois et misérables hommes, je n'étais pas un méchant !

      Oh ! mourir dans quelques heures, et penser qu'il y a un an, à pareil jour, j'étais libre et pur que je faisais mes promenades d'automne, que j'errais sous les arbres, et que je marchais dans les feuilles !
 

 

Résumé du chapitre 34

Le narrateur retrouve dans le souvenir ses années d’innocence mais il revoit en crime et tente de se repentir. Malheureusement il n’a pas le temps de le faire. Il en pense qu’à son heure qui approche.

 

XXXV

      

      En ce moment même, il y a tout auprès de moi, dans ces maisons qui font cercle autour du Palais et de la Grève, et partout dans Paris, des hommes qui vont et viennent, causent et rient, lisent le journal, pensent à leurs affaires ; des marchands qui vendent ; des jeunes filles qui préparent leurs robes de bal pour ce soir ; des mères qui jouent avec leurs enfants !

 

Résumé du chapitre 35

Le narrateur envie les gens ordinaires qui vaquent à leurs taches quotidiennes.

 

XXXVI

      

      Je me souviens qu'un jour, étant enfant, j'allai voir le bourdon de Notre-Dame.

      J'étais déjà étourdi d'avoir monté le sombre escalier en colimaçon, d'avoir parcouru la frêle galerie qui lie les deux tours, d'avoir eu Paris sous les pieds, quand j'entrai dans la cage de pierre et de charpente où pend le bourdon avec son battant, qui pèse un millier.

      J'avançai en tremblant sur les planches mal jointes, regardant à distance cette cloche si fameuse parmi les enfants et le peuple de Paris, et ne remarquant pas sans effroi que les auvents couverts d'ardoises qui entourent le clocher de leurs plans inclinés étaient au niveau de mes pieds. Dans les intervalles, je voyais, en quelque sorte à vol d'oiseau, la place du Parvis-Notre-Dame, et les passants comme des fourmis.

      Tout à coup l'énorme cloche tinta, une vibration profonde remua l'air, fit osciller la lourde tour. Le plancher sautait sur les poutres. Le bruit faillit me renverser ; je chancelai, prêt à tomber, prêt à glisser sur les auvents d'ardoises en pente. De terreur je me couchai sur les planches, les serrant étroitement de mes deux bras, sans parole, sans haleine, avec ce formidable tintement dans les oreilles, et sous les yeux ce précipice, cette place profonde où se croisaient tant de passants paisibles et enviés.

      Eh bien ! il me semble que je suis encore dans la tour du bourdon. C'est tout ensemble un étourdissement et un éblouissement. Il y a comme un bruit de cloche qui ébranle les cavités de mon cerveau ; et autour de moi je n'aperçois plus cette vie plane et tranquille que j'ai quittée, et où les autres hommes cheminent encore, que de loin et à travers les crevasses d'un abîme.

 

Résumé du chapitre 36

Le narrateur se rappelle le jour où il est allé voir la cathédrale Notre-Dame de Paris. Au moment où il est arrivé au sommet de la tour, la cloche a sonné et a fait trembler tout le toit. Heureusement il a évité une chute mortelle.

 

XXXVII

      

      L'Hôtel de Ville est un édifice sinistre.
      Avec son toit aigu et roide, son clocheton bizarre, son grand cadran blanc, ses étages à petites colonnes, ses mille croisées, ses escaliers usés par les pas, ses deux arches à droite et à gauche, il est là, de plain-pied avec la Grève ; sombre, lugubre, la face toute rongée de vieillesse, et si noir qu'il est noir au soleil.

      Les jours d'exécution, il vomit des gendarmes de toutes ses portes, et regarde le condamné avec toutes ses fenêtres.
      Et le soir, son cadran, qui a marqué l'heure, reste lumineux sur sa façade ténébreuse.
 

 

Résumé du chapitre 37

Le narrateur revoit l’Hôtel de Ville dont l’aspect triste lui rappelle la Grève au moment des exécutions avec les rassemblements des spectateurs.

 

Resumé detaillé chapitre par chapitre " le dernier jour d'un condamné" VICTOR HUGO

XXXVIII

      

      Il est une heure et quart.
      Voici ce que j'éprouve maintenant :
      Une violente douleur de tête. Les reins froids, le front brûlant. Chaque fois que je me lève ou que je me penche, il me semble qu'il y a un liquide qui flotte dans mon cerveau, et qui fait battre ma cervelle contre les parois du crâne.
      J'ai des tressaillements convulsifs, et de temps en temps la plume tombe de mes mains comme par une secousse galvanique.
      Les yeux me cuisent comme si j'étais dans la fumée.
      J'ai mal dans les coudes.

      Encore deux heures et quarante-cinq minutes, et je serai guéri.

 

Résumé du chapitre 38

L’heure de l’exécution approche, il ne lui reste que deux heures et quarante cinq minutes. Le narrateur ressent alors des douleurs physiques atroces.

 

XXXIX

      

      Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée.
      Eh ! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite ? Qu'est-ce que cette échelle de tortures qui aboutit à l'échafaud ?
      Apparemment ce n'est pas là souffrir.

      Ne sont-ce pas les mêmes convulsions, que le sang s'épuise goutte à goutte, ou que l'intelligence s'éteigne pensée à pensée ?
      Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils sûrs ? Qui le leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier et qu'elle ait crié au peuple : Cela ne fait pas de mal !

      Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C'est bien inventé. Tenez-vous-en là. La mécanique est bonne.
      Est-ce Robespierre ? Est-ce Louis XVI ?...

      Non, rien ! moins qu'une minute, moins qu'une seconde, et la chose est faite. – Se sont-ils jamais mis, seulement en pensée, à la place de celui qui est là, au moment où le lourd tranchant qui tombe mord la chair, rompt les nerfs, brise les vertèbres... Mais quoi ! une demi-seconde ! la douleur est escamotée (=au sens figuré, passer vite)...

      Horreur !
 

 

39

Le narrateur imagine comment il va vivre le moment de son exécution. Il vit ce moment par prévision. Mais le fait d’y penser le fait souffrir davantage.

 

XL

      

      Il est singulier que je pense sans cesse au roi. J'ai beau faire, beau secouer la tête, j'ai une voix dans l'oreille qui me dit toujours :

      – Il y a dans cette même ville, à cette même heure, et pas bien loin d'ici, dans un autre palais, un homme qui a aussi des gardes à toutes ses portes, un homme unique comme toi dans le peuple, avec cette différence qu'il est aussi haut que tu es bas. Sa vie entière, minute par minute, n'est que gloire, grandeur, délices, enivrement. Tout est autour de lui amour respect, vénération. Les voix les plus hautes deviennent basses en lui parlant et les fronts les plus fiers ploient. Il n'a que de la soie et de l'or sous les yeux. À cette heure, il tient quelque conseil de ministres où tous sont de son avis, ou bien songe à la chasse de demain, au bal de ce soir sûr que la fête viendra à l'heure, et laissant à d'autres le travail de ses plaisirs. Eh bien ! cet homme est de chair et d'os comme toi ! – Et pour qu'à l'instant même l'horrible échafaud s'écroulât, pour que tout te fût rendu, vie, liberté, fortune, famille, il suffirait qu'il écrivît avec cette plume les sept lettres de son nom au bas d'un morceau de papier, ou même que son carrosse rencontrât ta charrette ! – Et il est bon, et il ne demanderait pas mieux peut-être, et il n'en sera rien !

 

Résumé du chapitre 40

Poussé par son instinct de survie , le narrateur pense au roi Charles X en espérant une éventuelle grâce.

 

XLI

      

      Eh bien donc ! ayons courage avec la mort, prenons cette horrible idée à deux mains, et considérons-la en face. Demandons-lui compte de ce qu'elle est, sachons ce qu'elle nous veut, retournons-la en tous sens, épelons l'énigme, et regardons d'avance dans le tombeau.

      Il me semble que, dès que mes yeux seront fermés, je verrai une grande clarté et des abîmes de lumière où mon esprit roulera sans fin. Il me semble que le ciel sera lumineux de sa propre essence, que les astres y feront des taches obscures, et qu'au lieu d'être comme pour les yeux vivants des paillettes d'or sur du velours noir, ils sembleront des points noirs sur du drap d'or.

      Ou bien, misérable que je suis, ce sera peut-être un gouffre hideux, profond, dont les parois seront tapissées de ténèbres, et où je tomberai sans cesse en voyant des formes remuer dans l'ombre.

      Ou bien, en m'éveillant après le coup, je me trouverai peut-être sur quelque surface plane et humide, rampant dans l'obscurité et tournant sur moi-même comme une tête qui roule. Il me semble qu'il y aura un grand vent qui me poussera, et que je serai heurté ça et là par d'autres têtes roulantes. Il y aura par places des mares et des ruisseaux d'un liquide inconnu et tiède ; tout sera noir. Quand mes yeux, dans leur rotation, seront tournés en haut, ils ne verront qu'un ciel d'ombre, dont les couches épaisses pèseront sur eux, et au loin dans le fond de grandes arches de fumée plus noires que les ténèbres. Ils verront aussi voltiger dans la nuit de petites étincelles rouges, qui, en s'approchant, deviendront des oiseaux de feu. Et ce sera ainsi toute l'éternité.

      Il se peut bien aussi qu'à certaines dates les morts de la Grève se rassemblent par de noires nuits d'hiver sur la place qui est à eux. Ce sera une foule pâle et sanglante, et je n'y manquerai pas. Il n'y aura pas de lune, et l'on parlera à voix basse. L'Hôtel de Ville sera là, avec sa façade vermoulue, son toit déchiqueté, et son cadran qui aura été sans pitié pour tous. Il y aura sur la place une guillotine de l'enfer où un démon exécutera un bourreau ; ce sera à quatre heures du matin. À notre tour nous ferons foule autour.

      Il est probable que cela est ainsi. Mais si ces morts-là reviennent, sous quelle forme reviennent-ils ? Que gardent-ils de leur corps incomplet et mutilé ? Que choisissent-ils ? Est-ce la tête ou le tronc qui est spectre ?

      Hélas ! qu'est-ce que la mort fait avec notre âme ? quelle nature lui laisse-t-elle ? qu'a-t-elle à lui prendre ou à lui donner ? où la met-elle ? lui prête-t-elle quelquefois des yeux de chair pour regarder sur la terre, et pleurer ?

      Ah ! un prêtre ! un prêtre qui sache cela ! Je veux un prêtre, et un crucifix à baiser !
      Mon Dieu, toujours le même !
 

 

Résumé du chapitre 41

Le narrateur décide d’affronter la mort avec courage. Il imagine alors ce que sera sa vie après la mort. Cela pourrait être des abîmes de lumières sans fin ou des gouffres hideux où tout sera noir et où le narrateur tombera sans cesse. Il imagine aussi les morts pourraient se rassembler dans la place de la Gréve pour assister à l’exécution du bourreau par un démon. Le narrateur voudrait savoir ce qu’il adviendra de son âme après la mort. Dans ce moment de crise à l’approche de l’exécution le narrateur réclama un prêtre pour soulager sa douleur

XLII

      

      Je l'ai prié de me laisser dormir, et je me suis jeté sur le lit.
      En effet, j'avais un flot de sang dans la tête, qui m'a fait dormir. C'est mon dernier sommeil, de cette espèce.
      J'ai fait un rêve.
      J'ai rêvé que c'était la nuit. Il me semblait que j'étais dans mon cabinet avec deux ou trois de mes amis, je ne sais plus lesquels.
      Ma femme était couchée dans la chambre à coucher à côté, et dormait avec son enfant.

      Nous parlions à voix basse, mes amis et moi, et ce que nous disions nous effrayait.
      Tout à coup il me sembla entendre un bruit quelque part dans les autres pièces de l'appartement. Un bruit faible, étrange, indéterminé.
      Mes amis avaient entendu comme moi. Nous écoutâmes : c'était comme une serrure qu'on ouvre sourdement, comme un verrou qu'on scie à petit bruit.

      Il y avait quelque chose qui nous glaçait : nous avions peur. Nous pensâmes que peut-être c'étaient des voleurs qui s'étaient introduits chez moi, à cette heure si avancée de la nuit.
      Nous résolûmes d'aller voir. Je me levai, je pris la bougie. Mes amis me suivaient, un à un. Nous traversâmes la chambre à coucher, à côté. Ma femme dormait avec son enfant.
      Puis nous arrivâmes dans le salon. Rien. Les portraits étaient immobiles dans leurs cadres d'or sur la tenture rouge. Il me sembla que la porte du salon à la salle à manger n'était point à sa place ordinaire.
      Nous entrâmes dans la salle à manger ; nous en fîmes le tour. Je marchais le premier. La porte sur l'escalier était bien fermée, les fenêtres aussi. Arrivé près du poêle, je vis que l'armoire au linge était ouverte, et que la porte de cette armoire était tirée sur l'angle du mur comme pour le cacher.

Cela me surprit. Nous pensâmes qu'il y avait quelqu'un derrière la porte.
      Je portai la main à cette porte pour refermer l'armoire ; elle résista. Étonné, je tirai plus fort, elle céda brusquement, et nous découvrîmes une petite vieille, les mains pendantes, les yeux fermés, immobile, debout, et comme collée dans l'angle du mur.

      Cela avait quelque chose de hideux, et mes cheveux se dressent d'y penser.
      Je demandai à la vieille :
      – Que faites-vous là ?
      Elle ne répondit pas.
      Je lui demandai :
      – Qui êtes-vous ?
      Elle ne répondit pas, ne bougea pas, et resta les yeux fermés.

      Mes amis dirent :
      – C'est sans doute la complice de ceux qui sont entrés avec de mauvaises pensées ; ils se sont échappés en nous entendant venir ; elle n'aura pu fuir et s'est cachée là.
      Je l'ai interrogée de nouveau, elle est demeurée       sans voix, sans mouvement, sans regard.

      Un de nous l'a poussée à terre, elle est tombée.
      Elle est tombée tout d'une pièce, comme un morceau de bois, comme une chose morte.
      Nous l'avons remuée du pied, puis deux de nous l'ont relevée et de nouveau appuyée au mur. Elle n'a donné aucun signe de vie. On lui a crié dans l'oreille, elle est restée muette comme si elle était sourde.
      Cependant, nous perdions patience, et il y avait de la colère dans notre terreur. Un de nous m'a dit :
      – Mettez-lui la bougie sous le menton.
      Je lui ai mis la mèche enflammée sous le menton.
      Alors elle a ouvert un oeil à demi, un oeil vide, terne, affreux, et qui ne regardait pas.

      J'ai ôté la flamme et j'ai dit :
      – Ah ! enfin ! répondras- tu, vieille sorcière ? Qui es-tu ?
      L'oeil s'est refermé comme de lui-même.
      – Pour le coup, c'est trop fort, ont dit les autres. Encore la bougie !
encore ! il faudra bien qu'elle parle.
      J'ai replacé la lumière sous le menton de la vieille.

      Alors, elle a ouvert ses deux yeux lentement, nous a regardés tous les uns après les autres, puis, se baissant brusquement, a soufflé la bougie avec un souffle glacé. Au même moment j'ai senti trois dents aiguës s'imprimer sur ma main, dans les ténèbres.

      Je me suis réveillé, frissonnant et baigné d'une sueur froide.
      Le bon aumônier était assis au pied de mon lit, et lisait des prières

 

 

 

Résumé du chapitre  42

Après l’arrivée du prêtre, le narrateur a dormi pendant quelques instants. Il a fait alors un rêve étrange : il rêve qu’il était chez lui avec des amis, qu’ils avaient parlé de quelque chose qui les avait effrayés puis ils avaient entendu un bruit dans la maison, c’était une vielle femme qui s’était cachée dans la cuisine. Au moment où il a rêvé que la vielle le mordait, il s’est réveillé puis on lui a annoncé la présence de sa fille.

 

Resumé detaillé chapitre par chapitre " le dernier jour d'un condamné" VICTOR HUGO

XLIII

      

      Elle est fraîche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle !
      On lui a mis une petite robe qui lui va bien.
      Je l'ai prise, je l'ai enlevée dans mes bras, je l'ai assise sur mes genoux, je l'ai baisée sur ses cheveux.
      Pourquoi pas avec sa mère ? – Sa mère est malade, sa grand mère aussi. C'est bien.

      Elle me regardait d'un air étonné ; caressée, embrassée, dévorée de baisers et se laissant faire mais jetant de temps en temps un coup d'oeil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin.

      Enfin j'ai pu parler.
      – Marie ! ai-je dit, ma petite Marie !
      Je la serrais violemment contre ma poitrine enflée de sanglots. Elle a poussé un petit cri.
      – Oh ! vous me faites du mal, monsieur m'a-t-elle dit.

      Monsieur ! il y a bientôt un an qu'elle ne m'a vu, la pauvre enfant. Elle m'a oublié, visage, parole, accent ; et puis, qui me reconnaîtrait avec cette barbe, ces habits et cette pâleur ? Quoi ! déjà effacé de cette mémoire, la seule où j'eusse voulu vivre ! Quoi ! déjà plus père ! être condamné à ne plus entendre ce mot, ce mot de la langue des enfants, si doux qu'il ne peut rester dans celle des hommes : papa !

      Et pourtant l'entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois, voilà tout ce que j'eusse demandé pour les quarante ans de vie qu'on me prend.
      – Écoute, Marie, lui ai-je dit en joignant ses deux petites mains dans les miennes, est-ce que tu ne me connais point ?
      Elle m'a regardé avec ses beaux yeux, et a répondu :
      – Ah bien non !
      – Regarde bien, ai-je répété. Comment, tu ne sais pas qui je suis ?
      – Si, a-t-elle dit. Un monsieur.

      Hélas ! n'aimer ardemment qu'un seul être au monde, l'aimer avec tout son amour, et l'avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond, et ne vous connaît pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et qu'il soit le seul qui ne sache pas qu'il vous en faut parce que vous allez mourir !

      – Marie, ai-je repris, as-tu un papa ?
– Oui, monsieur, a dit l'enfant.
      – Eh bien, où est-il ?
      Elle a levé ses grands yeux étonnés.
      – Ah ! vous ne savez donc pas ? il est mort.

      Puis elle a crié ; j'avais failli la laisser tomber.
      – Mort ! disais-je. Marie, sais-tu ce que c'est qu'être mort ?
      – Oui, monsieur, a-t-elle répondu. Il est dans la terre et dans le ciel.
      Elle a continué d'elle-même :
      – Je prie le bon Dieu pour lui matin et soir sur les genoux de maman.
      Je l'ai baisée au front.
      – Marie, dis-moi ta prière.
      – Je ne peux pas, monsieur. Une prière, cela ne se dit pas dans le jour. Venez ce soir dans ma maison ; je la dirai.
      C'était assez de cela. Je l'ai interrompue.

      – Marie, c'est moi qui suis ton papa.
      – Ah ! m'a-t-elle dit.
      J'ai ajouté :
      – Veux-tu que je sois ton papa ?
      L'enfant s'est détournée.
      – Non, mon papa était bien plus beau.
      Je l'ai couverte de baisers et de larmes. Elle a cherché à se dégager de mes bras en criant :
      – Vous me faites mal avec votre barbe.

      Alors, je l'ai replacée sur       mes genoux, en la couvant des yeux, et puis je l'ai questionnée.
      – Marie, sais-tu lire ?
      – Oui, a-t-elle répondu. Je sais bien lire. Maman me fait lire mes lettres.
      – Voyons, lis un peu, lui ai-je dit en lui montrant un papier qu'elle tenait chiffonné dans une de ses petites mains.
      Elle a hoché sa jolie tête.
      – Ah bien ! je ne sais lire que des fables.
      – Essaie toujours. Voyons, lis.

      Elle a déployé le papier, et s'est mise à épeler avec son doigt :
      – A, R, ar R, E, T, rêt, ARRÊT...
      Je lui ai arraché cela des mains. C'est ma sentence de mort qu'elle me lisait. Sa bonne avait eu le papier pour un sou. Il me coûtait plus cher, à moi.
      Il n'y a pas de paroles pour ce que j'éprouvais. Ma violence l'avait effrayée ; elle pleurait presque. Tout à coup elle m'a dit :
      – Rendez-moi donc mon papier, tiens ! c'est pour jouer.
       Je l'ai remise à sa bonne.
– Emportez-la.

      Et je suis retombé sur ma chaise, sombre, désert, désespéré. À présent ils devraient venir ; je ne tiens plus à rien ; la dernière fibre de mon coeur est brisée. Je suis bon pour ce qu'ils vont faire.

 

 

 

 

Résumé du chapitre 43

Malheureusement sa fille ne l’a pas reconnu. Elle ne l’a pas vu depuis un an. Il a tenté de lui faire comprendre qu’il est son vrai père mais la fille ne l’a pas cru. Rien ne le rattache à présent à la vie. Il se laisse conduire à la mort docilement.

XLIV

      

      Le prêtre est bon, le gendarme aussi. Je crois qu'ils ont versé une larme quand j'ai dit qu'on m'emportât mon enfant.

      C'est fait. Maintenant il faut que je me roidisse (=devenir rude) en moi-même, et que je pense fermement au bourreau, à la charrette, aux gendarmes, à la foule sur le pont, à la foule sur le quai, à la foule aux fenêtres, et à ce qu'il y aura exprès pour moi sur cette lugubre place de Grève, qui pourrait être pavée des têtes qu'elle a vu tomber.

      Je crois que j'ai encore une heure pour m'habituer à tout cela

 

Résumé du chapitre 44

Pendant l’heure qui lui reste à vivre le narrateur se ressaisit et revoit dans son esprit comment sera son exécution. Il pense au bourreau, à la foule, aux gendarmes et à la place de Grève.

XLV

      

      Tout ce peuple rira, battra des mains, applaudira.

      Et parmi tous ces hommes, libres et inconnus des geôliers, qui courent pleins de joie à une exécution, dans cette foule de têtes qui couvrira la place, il y aura plus d'une tête prédestinée qui suivra la mienne tôt ou tard dans le panier rouge. Plus d'un qui y vient pour moi y viendra pour soi.

      Pour ces êtres fatals il y a sur un certain point de la place de Grève un lieu fatal, un centre d'attraction, un piège. Ils tournent autour jusqu'à ce qu'ils y soient.

 

 

Résumé du chapitre 45

Il imagine la foule en train de l’applaudir, une foule insensible à ses souffrances. Il pense à ce lieu fatal qui est la place de Grève et à toutes les têtes qui tomberaient après lui dans l’indifférence totale.

 

XLVI

      

      Ma petite Marie ! – On l'a remmenée jouer ; elle regarde la foule par la portière du fiacre, et ne pense déjà plus à ce monsieur.  Peut-être aurais-je encore le temps d'écrire quelques pages pour elle, afin qu'elle les lise un jour, et qu'elle pleure dans quinze ans pour aujourd'hui.
      Oui, il faut qu'elle sache par moi mon histoire, et pourquoi le nom que je lui laisse est sanglant.

 

Résumé du chapitre 46

Il pense à sa fille qui l’a déjà oublié et veut lui écrire une histoire.

 

XLVII

      

      MON HISTOIRE

      

      Note de l'éditeur – On n'a pu encore retrouver les feuillets qui se rattachaient à celui-ci. Peut-être, comme ceux qui suivent semblent l'indiquer, le condamné n'a-t-il pas eu le temps de les écrire. Il était tard quand cette pensée lui est venue.

 

Résumé du chapitre 47

Note :

Le narrateur n’avait pas le temps pour écrire son histoire.

 

Resumé detaillé chapitre par chapitre " le dernier jour d'un condamné" VICTOR HUGO

XLVIII

      

      D'une chambre de l'Hôtel de Ville.

      

      De l'Hôtel de Ville !... – Ainsi j'y suis. Le trajet exécrable est fait. La place est là, et au-dessous de la fenêtre l'horrible peuple qui aboie, et m'attend, et rit.

      J'ai eu beau me roidir, beau me crisper le coeur m'a failli. Quand j'ai vu au-dessus des têtes ces deux bras rouges, avec leur triangle noir au bout, dressés entre les deux lanternes du quai, le coeur m'a failli. J'ai demandé à faire une dernière déclaration. On m'a déposé ici, et l'on est allé chercher quelque procureur du roi. Je l'attends, c'est toujours cela de gagné.
      Voici :
      Trois heures sonnaient, on est venu m'avertir qu'il était temps. J'ai tremblé, comme si j'eusse pensé à autre chose depuis six heures, depuis six semaines, depuis six mois. Cela m'a fait l'effet de quelque chose d'inattendu.

      Ils m'ont fait traverser leurs corridors et descendre leurs escaliers. Ils m'ont poussé entre deux guichets du rez-de-chaussée, salle sombre, étroite, voûtée, à peine éclairée d'un jour de pluie et de brouillard. Une chaise était au milieu. Ils m'ont dit de m'asseoir ; je me suis assis.
      Il y avait près de la porte et le long des murs quelques personnes debout, outre le prêtre et les gendarmes, et il y avait aussi trois hommes.

      Le premier, le plus grand, le plus vieux, était gras et avait la face rouge. Il portait une redingote et un chapeau à trois cornes déformé. C'était lui.
      C'était le bourreau, le valet de la guillotine. Les deux autres étaient ses valets, à lui.

     À peine assis, les deux autres se sont approchés de moi, par-derrière, comme des chats, puis tout à coup j'ai senti un froid d'acier dans mes cheveux et les ciseaux ont grincé à mes oreilles.
      Mes cheveux, coupés au hasard, tombaient par mèches sur mes épaules, et l'homme au chapeau à trois cornes les époussetait doucement avec sa grosse main.
      Autour, on parlait à voix basse.

      Il y avait un grand bruit au-dehors, comme un frémissement qui ondulait dans l'air. J'ai cru d'abord que c'était la rivière ; mais, à des rires qui éclataient, j'ai reconnu que c'était la foule.

      Un jeune homme, près de la fenêtre, qui écrivait, avec un crayon, sur un portefeuille, a demandé à un des guichetiers comment s'appelait ce qu'on faisait là.
      – La toilette du condamné, a répondu l'autre.
      J'ai compris que cela serait demain dans le journal.

      Tout à coup l'un des valets m'a enlevé ma veste, et l'autre a pris mes deux mains qui pendaient, les a ramenées derrière mon dos, et j'ai senti les noeuds d'une corde se rouler lentement autour de mes poignets rapprochés. En même temps, l'autre détachait ma cravate. Ma chemise de batiste, seul lambeau qui me restât du moi d'autrefois, l'a fait en quelque sorte hésiter un moment ; puis il s'est mis à en couper le col.

      À cette précaution horrible, au saisissement de l'acier qui touchait mon cou, mes coudes ont tressailli, et j'ai laissé échapper un rugissement étouffé.
      La main de l'exécuteur a tremblé.
      – Monsieur m'a-t-il dit, pardon ! Est-ce que je vous ai fait mal ?
      Ces bourreaux sont des hommes très doux.

      La foule hurlait plus haut au- dehors.

      Le gros homme au visage bourgeonné m'a offert à respirer un mouchoir imbibé de vinaigre.

– Merci, lui ai-je dit de la voix la plus forte que j'ai pu, c'est inutile ; je me trouve bien.
      Alors l'un d'eux s'est baissé et m'a lié les deux pieds, au moyen d'une corde fine et lâche, qui ne me laissait à faire que de petits pas. Cette corde est venue se rattacher à celle de mes mains.
      Puis le gros homme a jeté la veste sur mon dos, et a noué les manches ensemble sous mon menton. Ce qu'il y avait à faire là était fait.
      Alors le prêtre s'est approché avec son crucifix.
      – Allons, mon fils, m'a-t-il dit.
      Les valets m'ont pris sous les aisselles. Je me suis levé, j'ai marché. Mes pas étaient mous et fléchissaient comme si j'avais eu deux genoux à chaque jambe.

 

La peine de mort est-elle utile ?

Quelle influence a-t-elle sur le peuple ?

En ce moment la porte extérieure s'est ouverte à deux battants. Une clameur furieuse et l'air froid et la lumière blanche ont fait irruption jusqu'à moi dans l'ombre. Du fond du sombre guichet, j'ai vu brusquement tout à la fois, à travers la pluie, les mille têtes hurlantes du peuple entassées pêle-mêle sur la rampe du grand escalier du Palais ; à droite, de plain-pied avec le seuil, un rang de chevaux de gendarmes, dont la porte basse ne me découvrait que les pieds de devant et les poitrails ; en face, un détachement de soldats en bataille ; à gauche, l'arrière d'une charrette, auquel s'appuyait une roide échelle. Tableau hideux, bien encadré dans une porte de prison.

     

 

      C'est pour ce moment redouté que j'avais gardé mon courage. J'ai fait trois pas, et j'ai paru sur le seuil du guichet.
      – Le voilà ! le voilà ! a crié la foule. Il sort ! enfin !
      Et les plus près de moi battaient des mains. Si fort qu'on aime un roi, ce serait moins de fête.
      C'était une charrette ordinaire, avec un cheval étique, et un charretier en sarrau bleu à dessins rouges, comme ceux des maraîchers des environs de Bicêtre.
      Le gros homme en chapeau à trois cornes est monté le premier – Bonjour monsieur Samson ! criaient des enfants pendus à des grilles.
      Un valet l'a suivi.
      – Bravo, Mardi ! ont crié de nouveau les enfants.
      Ils se sont assis tous deux sur la banquette de devant.

      C'était mon tour. J'ai monté d'une allure assez ferme.
     – Il va bien ! a dit une femme à côté des gendarmes.
      Cet atroce éloge m'a donné du courage. Le prêtre est venu se placer auprès de moi. On m'avait assis sur la banquette de derrière, le dos tourné au cheval.
J'ai frémi de cette dernière attention.
      Ils mettent de l'humanité là-dedans.

      J'ai voulu regarder autour de moi. Gendarmes devant, gendarmes derrière ; puis de la foule, de la foule, et de la foule ; une mer de têtes sur la place.
      Un piquet de gendarmerie à cheval m'attendait à la porte de la grille du Palais.
      L'officier a donné l'ordre. La charrette et son cortège se sont mis en mouvement, comme poussés en avant par un hurlement de la populace.

      On a franchi la grille. Au moment où la charrette a tourné vers le Pont-au-Change, la place a éclaté en bruit, du pavé aux toits, et les ponts et les quais ont répondu à faire un tremblement de terre.
      C'est là que le piquet qui attendait s'est rallié à l'escorte.      

 – Chapeaux bas ! chapeaux bas ! criaient mille bouches ensemble. Comme pour le roi.
      Alors j'ai ri horriblement aussi, moi, et j'ai dit au prêtre :
      – Eux les chapeaux, moi la tête.
On allait au pas.
      Le quai aux Fleurs embaumait ; c'est jour de marché. Les marchandes ont quitté leurs bouquets pour moi.
      Vis-à-vis, un peu avant la tour carrée qui fait le coin du Palais, il y a des cabarets, dont les entresols étaient pleins de spectateurs heureux de leurs belles places. Surtout des femmes. La journée doit être bonne pour les cabaretiers.
      On louait des tables, des chaises, des échafaudages, des charrettes. Tout pliait de spectateurs. Des marchands de sang humain criaient à tue-tête :
      – Qui veut des places ? Une rage m'a pris contre ce peuple. J'ai eu envie de leur crier :
      – Qui veut la mienne ?

      Cependant la charrette avançait. À chaque pas qu'elle faisait, la foule se démolissait derrière elle, et je la voyais de mes yeux égarés qui s'allait reformer plus loin sur d'autres points de mon passage.
      En entrant sur le Pont-au-Change, j'ai par hasard jeté les yeux à ma droite en arrière. Mon regard s'est arrêté sur l'autre quai, au-dessus des maisons, à une tour noire, isolée, hérissée de sculptures, au sommet de laquelle je voyais deux monstres de pierre assis de profil. Je ne sais pourquoi j'ai demandé au prêtre ce que c'était que cette tour.
      – Saint-Jacques-la-Boucherie, a répondu le bourreau. 

J'ignore comment cela se faisait ; dans la brume, et malgré la pluie fine et blanche qui rayait l'air comme un réseau de fils d'araignée, rien de ce qui se passait autour de moi ne m'a échappé. Chacun de ces détails m'apportait sa torture. Les mots manquent aux émotions.

      Vers le milieu de ce Pont-au-Change, si large et si encombré que nous cheminions à grand-peine, l'horreur m'a pris violemment. 

 

J'ai craint de défaillir, dernière vanité ! Alors je me suis étourdi moi-même pour être aveugle et pour être sourd à tout, excepté au prêtre, dont j'entendais à peine les paroles, entrecoupées de rumeurs.

J'ai pris le crucifix et je l'ai baisé.
      – Ayez pitié de moi, ai-je dit, à mon Dieu !
      Et j'ai tâché de m'abîmer dans cette pensée.
      Mais chaque cahot de la dure charrette me secouait. Puis tout à coup je me suis senti un grand froid. La pluie avait traversé mes vêtements, et mouillait la peau de ma tête à travers mes cheveux coupés et courts.
      – Vous tremblez de froid, mon fils ? m'a demandé le prêtre.
      – Oui, ai-je répondu.
      Hélas ! pas seulement de froid.

 

 

La peine de mort est-elle utile ?

2- Quelle influence a-t-elle sur le peuple ?

      Au détour du pont, des femmes m'ont plaint d'être si jeune.
      Nous avons pris le fatal quai. Je commençais à ne plus voir, à ne plus entendre. Toutes ces voix, toutes ces têtes aux fenêtres, aux portes, aux grilles des boutiques, aux branches des lanternes ; ces spectateurs avides et cruels ; cette foule où tous me connaissent et où je ne connais personne ; cette route pavée et murée de visages humains... J'étais ivre, stupide, insensé. C'est une chose insupportable que le poids de tant de regards appuyés sur vous.

      

 

       Je vacillais donc sur le banc, ne prêtant même plus d'attention au prêtre et au crucifix.
      Dans le tumulte qui m'enveloppait, je ne distinguais plus les cris de pitié des cris de joie, les rires des plaintes, les voix du bruit ; tout cela était une rumeur qui résonnait dans ma tête comme dans un écho de cuivre.
      Mes yeux lisaient machinalement les enseignes des boutiques.

      Une fois, l'étrange curiosité me prit de tourner la tête et de regarder vers quoi j'avançais. C'était une dernière bravade de l'intelligence. Mais le corps ne voulut pas ; ma nuque resta paralysée et d'avance comme morte.
      J'entrevis seulement de côté, à ma gauche, au-delà de la rivière, la tour de Notre-Dame, qui, vue de là, cache l'autre. C'est celle où est le drapeau. Il y avait beaucoup de monde, et qui devait bien voir.
      Et la charrette allait, allait, et les boutiques passaient, et les enseignes se succédaient, écrites, peintes, dorées, et la populace riait et trépignait dans la boue, et je me laissais aller, comme à leurs rêves ceux qui sont endormis.

      Tout à coup la série des boutiques qui occupait mes yeux s'est coupée à l'angle d'une place ; la voix de la foule est devenue plus vaste, plus glapissante, plus joyeuse encore ; la charrette s'est arrêtée subitement, et j'ai failli tomber la face sur les planches. Le prêtre m'a soutenu.
      – Courage ! a-t-il murmuré.
      Alors on a apporté une échelle à l'arrière de la charrette ; il m'a donné le bras, je suis descendu, puis j'ai fait un pas, puis je me suis retourné pour en faire un autre, et je n'ai pu. Entre les deux lanternes du quai, j'avais vu une chose sinistre.

      Oh ! c'était la réalité !
      Je me suis arrêté, comme chancelant déjà du coup.
      – J'ai une dernière déclaration à faire ! ai-je crié faiblement

On m'a monté ici.

      J'ai demandé qu'on me laissât écrire mes dernières volontés. Ils m'ont délié les mains, mais la corde est ici, toute prête, et le reste est en bas.

 

 

Résumé du chapitre 48

L’heure de l’exécution est arrivé, on demande au narrateur de se préparer mais il se sent faible. On l’a emmené dans une chambre au rez-de-chaussée du palais de Justice où son bourreau avec ses deux valets l’attendait. On lui a coupé les cheveux puis on lui a attaché les mains derrière le dos et on a coupé le col de sa chemise ensuite on lui a lié les deux pieds puis on lui a noué les deux  manches de sa veste sur le menton. On l’a pris sous les aisselles pour le conduire à la guillotine. La foule est là qui attend hurlante. Les gendarmes, les soldats sont aussi là pour accompagner le condamné. Mis dans une charrette avec le prêtre, le narrateur frémit de peur devant cette foule enragée. Sur le chemin qui mène à la place de Grève la foule s’est attroupée. Sous une pluie fine la charrette passe par le pont- au- Change, par le quai aux Fleurs puis par la coin du Palais. Attiré par une Tour, le narrateur demande au prêtre des informations sur cet édifice. Ce dernier lui a dit qu’elle s’appelle crucifix et le baise pour avoir du courage à affronter la foule qui semble l’effrayer plus que la mort.

Passant par le quai, le narrateur entre dans une sorte d’ivresse qui enveloppe son esprit et le coupe de la réalité au point où il ne distingue plus rien. Son corps commence à sentir la mort. Tout défile devant ses yeux sans qu’il puisse y accorder la moindre attention. Seule la voix de la foule se fait entendre. Enfin la charrette arrive à la place de Gréve, le narrateur demande alors une dernière faveur : écrire ses dernières volontés.